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Contrôler son cerveau


PLEINE CONSCIENCE • Alors que de plus en plus de personnes se tournent vers la méditation, les découvertes scientifiques viennent appuyer les constatations de ses pratiquants, donnant plus de légitimité à cet exercice.


« Le cerveau est un outil extraordinaire, mais il a besoin qu’on lui dise quoi faire. La méditation permet d’en devenir le maître. » Sylvie Staub, instructrice d’un programme d’entraînement à l’attention basé sur la pleine conscience, explique comment la méditation permet d’atteindre une paix intérieure. Cette pratique consiste à fixer son attention sur un objet ; on débute souvent par un élément interne tel que la respiration, car cela permet à l’esprit de reprendre contact avec le corps. « Très rapidement, on constate qu’on pense tout à fait à autre chose ; on découvre que son attention vagabonde, qu’elle mène sa propre vie », explique l’instructrice.


Ceci permet d’entrer dans les différentes étapes de la méditation : dès lors qu’on réalise qu’on s’est laissé distraire, se développe une perspective inédite concernant ce qui a attiré notre attention. « C’est un petit moment d’éveil, où l’on peut découvrir les cycles de pensées automatiques qui nous stimulent ; la pratique essentielle est alors de ramener notre attention, avec bienveillance, vers l’objet choisi. » La méditation devient alors un laboratoire de découvertes des différents aspects de sa vie intérieure, tels que les émotions du moment, l’inquiétude ou l’impatience. On peut y observer ses réactions automatiques à ces inconforts et s’habituer à les laisser vivre sans y réagir immédiatement. Pour cela, on cultive une attitude de bienveillance envers soi-même, indispensable au processus.


Modifier son esprit

« Le cerveau comprend petit à petit qu’on lui demande d’être attentif à son fonctionnement, et on commence à cartographier des zones de soi qu’on ne connaissait pas », développe Sylvie Staub. L’idée est de prendre conscience de ce par quoi son attention est généralement attirée, et de déterminer si cette habitude est bénéfique ou non. Si elle est jugée comme néfaste au comportement, comme dans le cas des ruminations ou des pensées stressantes orientées vers des problématiques incontrôlables, on réalise qu’on a le pouvoir de la changer. Devenant conscients d’automatismes qui leur étaient jusqu’alors invisibles, les pratiquants peuvent décider de donner une nouvelle direction à leur attention pour adopter un fonctionnement plus sain. Bien que les étapes décrites se succèdent de manière non linéaire, le processus s’installe à force de répétition et devient une habitude, ce qui produit des modifications au niveau du cerveau.

Changements neurologiques

« Les gènes codants représentent 1,5% du génome humain. Les 80% du reste, auparavant considérés comme de l’ADN poubelle, se sont révélés moduler l’expression de ces gènes codants », indique Sylvie Staub, citant les résultats du projet de recherche ENCODE. Bien que contestée dans ses conclusions par les évolutionnistes, cette révélation concernant l’épigénétique est l’une des étapes pionnières dans le changement de représentation de la biologie humaine et du libre arbitre des individus. La sphère scientifique entre peu à peu dans une ère de plasticité, où la présence d’un gène lié au cancer ne suffit plus à déterminer si le patient sera touché par la maladie : « Cela dépendra notamment de ses croyances, qui peuvent permettre ou non au gène en question de s’activer », explique l’intervenante. C’est dans la lignée de ces découvertes que s’inscrit son programme de méditation de huit semaines, au terme duquel des différences s’observent sur les IRM des cerveaux des participants : les zones activées lors de situations de stress diminuent leur densité de façon très nette, celles régulant l’apprentissage, la mémoire et la régulation des émotions augmentent jusqu’à huit fois et, finalement, celles qui permettent la prise de distance, l’empathie et la compassion, augmentent jusqu’à cinq fois.


Autrement dit, la méditation restructure l’organisation neuronale vers des réflexes mentaux bénéfiques. Cette pratique nécessite patience et ouverture d’esprit, mais offre un puissant moyen d’accéder à un bien-être profond.


Article rédigé pour le 245ème numéro de L'auditoire.


Marion Marchetti

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